Depuis trois mois je me suis réveillé à chaque aube dans la main de Dieu, vraiment […] heureux comme je ne l'ai jamais été peut-être ; je me suis refais un corps et une âme, en silence, dans l'effort et le calme serein, sans rien lire ni faire signe à aucun de ceux à qui, pourtant, je pensais beaucoup dans ma joie. […] Cet endroit est le plus merveilleux que j'ai jamais connu, et le moulin lui-même est en vérité un moulin de miracles, petits et grands.
Lettre d'A. Guerne à Pérégrine, 17 juillet 1961.
Le vieux moulin à vent que lui signala une amie, au tout début des années soixante allait devenir pour lui le lieu d'élection et donner naissance à quelques-unes de ses plus hautes méditations : Les Jours de l'Apocalypse, Rhapsodie des fins dernières, L'Âme insurgée. En découvrant à mon tour ce site, en juin 1970, la vieille Trilogie taoïste de l'ancienne Chine me vint aussitôt à l'esprit : le Ciel (Tien), la Terre (Ti) et l'Homme (Jen). Et je compris plus tard pourquoi, dans ce moulin, au point de jonction entre l'univers terrestre et le firmament, entre Ciel et Terre, l'homme véritable, l'homme attentif que fut Guerne avait retrouvé l'essence même de la prophétie. Cet endroit, à l'évidence, lui était destiné.