Aller au contenu principal
Accueil
Fondation Armel Guerne

Navigation principale

  • Accueil
  • L'homme
    • Biographie
    • Portrait
  • Œuvres
    • L'auteur
    • Le passeur
    • Le traducteur
  • Publications
    • Les Cahiers du Moulin
  • Contact
  • Liens
Menu du compte de l'utilisateur
  • Se connecter

Fil d'Ariane

  1. Accueil
  2. Les Cahiers du Moulin
  3. N°4 - avril 2004 - Gérard de Nerval

Editorial (Charles Le Brun) + Les mains de Nerval (Armel Guerne)

Les Cahiers du Moulin

Le Romantisme, le véritable, celui qui vit le jour sur l’autre bord du Rhin, a peu de parenté avec le mouvement littéraire qui s’épanouit dans nos frontières à partir de la fin du XVIIIème siècle et jusqu’au milieu du XIXème.
Guerne, qui si longtemps, si intensément scruta les œuvres des grands solitaires allemands – les Hölderlin, les Novalis et tous ceux qui suivirent : une poignée d’hommes ardents isolée parmi la lourde masse teutonne – discerna cependant, qui s’avançait en marge des écoles et des coteries, un Français de l’Ile-de-France à qui l’on pouvait, sans risquer d’y perdre son temps, emboîter le pas. C’était Nerval.

Issue des documents trouvés dans ses affaires après sa mort, en 1980, voici la prose que lui inspira le portrait de Gérard, réalisé par Nadar en 1854, et qu’il pouvait à tout moment regarder, adossé aux livres de sa bibliothèque, juste en face de la table sur laquelle il travaillait :

 Les mains de Nerval

Les mains sont immobiles ; plus pensives que la pensée, veuves comme peut les laisser, abandonnées, un regard tellement empli de visions qu'il ne descend plus vers elles ; blanches et grandes, on les devine, belles aussi d'une force solide, mais tristes, relâchées dans une sorte de mouvement poignant de mélancolie, de total renoncement sous la puissance ravageuse de l'angoisse ; les genoux les supportent comme des étrangères et elles restent là, vaguement croisées, silencieuses et recueillies, vieilles habituées des prières muettes. Un cigare oublié entre le pouce et l'index, le bout encore humide, que le fumeur distrait aura laissé s'éteindre, semble pourtant dans sa sombre raideur être moins une «chose» que les doigts. On ne sait pas pourquoi, mais il évoque une chambre vide et ce silence particulier des objets, ce mutisme volontaire des choses, maintenant que celui qui les touchait n'est plus là, ne reviendra jamais. Dieu sait pourtant que ce sont les mains de quelqu'un, ces mains posées, qui se reposent, dirait-on avec une patience énorme, avec une confiance immense dans l'univers de l'éternité, comme si elles n'étaient déjà plus les mains de personne, bien que vivantes manifestement et longtemps employées, toujours utilisables. Des mains qui n'ont pas d'expression autre que la bonté ; des mains extraordinairement charitables, qu'on sent faites uniquement pour donner. De rudes mains compatissantes, sur lesquelles ont passé de terribles hivers, peut-être pas expertes mais dévouées comme on devine que le sont les sœurs hospitalières. Quelque chose de sacerdotal y retient la lumière, et la sincérité qui s'en dégage, exempte de toute onction, leur loyauté humaine et leur simple noblesse, les humbles marques de leur pauvreté ne laissent pas de faire songer aux terrestres fonctions du hiérophante d'Eleusis. Ce ne sont pas les mains d'un prêtre ; ce ne sont pas les mains d'un saint ; ce sont les douloureuses mains d'un homme qui est entré dans le mystère en se battant de toutes ses forces, et contre les fantômes et avec les esprits ; quelqu'un qui est allé si loin dans les apprentissages de la solitude, qu'il a pu, quelquefois, connaître les secrets de la plus haute vérité, éprouver l'harmonie absolue et mêler un instant les battements de sa vie temporelle à l'élan infini de l'existence universelle.

Armel Guerne, Au bout du Temps, Solaire, 1981 

Liens transversaux de livre pour Editorial (Charles Le Brun) + Les mains de Nerval (Armel Guerne)

  • N°4 - avril 2004 - Gérard de Nerval
  • Haut
  • Gérard de Nerval ou la maladie de Dieu (Charles Le Brun)
  • Version imprimable

Navigation du livre

  • N°1 - octobre 2002 - Présentation
  • N°2 - avril 2003 - Les Jours de l'Apocalypse
  • N°3 - octobre 2003 - Novalis
  • N°4 - avril 2004 - Gérard de Nerval
    • Editorial (Charles Le Brun) + Les mains de Nerval (Armel Guerne)
    • Gérard de Nerval ou la maladie de Dieu (Charles Le Brun)
    • Gérard de Nerval (Armel Guerne)
    • Nerval vers l'Orient (Jean Moncelon)
  • N°5 - octobre 2004 - Les Romantiques allemands
  • N°6 - avril 2005 - Moby Dick d'Herman Melville
  • N°7 - octobre 2005 - Spécial 25 ans : Visages d'Armel Guerne
  • N°8 - avril 2006 - Paracelse
  • N°9 - octobre 2006 - Le poète
  • N°10 - avril 2007 - Le poète (2)
  • N°11 - octobre 2007 - 2e Rencontre de Tourtrès
  • N°12 - avril 2008
  • N°13 - octobre 2008 - Les Jours de l’Apocalypse
  • N°14 - avril 2009
  • N°15 - octobre 2009
  • N°16 - avril 2010
  • N°17 - octobre 2010
  • N°18 - avril 2011
  • N°19 - octobre 2011
Flux RSS
Rejoignez-nous sur Facebook
Copyright 2024 ©Fondation Armel Guerne