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  3. N°8 - avril 2006 - Paracelse

Editorial (Charles Le Brun)

Les Cahiers du Moulin

Parlant de Paracelse, Guerne m’a toujours dit avoir passé vingt ans de sa vie à en méditer l’œuvre. Ceux qui l’ont connu savent bien qu’il en fit, tout au long de son parcours d’homme, sa référence majeure. L’un des points cardinaux de son horizon spirituel. Cette constatation a son poids. Surtout lorsqu’on sait qui était Paracelse ; et lorsqu’on sait qui était Guerne.

S’il est difficile de dire exactement qui le conduisit vers l’illustre médecin, il est par contre plus aisé d’indiquer celui qui fut son initiateur : en l’occurrence Jacques-Emile Emerit, acupuncteur de génie mort en 1968 et qui fut, tout comme Georges Bernanos, comme Mounir Hafez, comme E.M. Cioran ou comme André Masson, l’un de ses grands amis.

Emerit, qui a laissé différents travaux sur l’art des aiguilles (1) , précise dans son Introduction à la zodiotechnie (2) : « Nous pensons être le seul médecin français ayant entièrement lu, traduit et résumé l’œuvre de Paracelse. » Confidence qui ne laisse pas d’étonner quand on sait qu’aujourd’hui, – comme hier d’ailleurs – la plupart des disciples d’Esculape connaissent à peine le nom du citoyen d’Einsiedeln ! Dans un autre ouvrage (3) , il écrit : « Un homme de science, un médecin conscient des prodromes du mal, voilà quatre siècles, a rédigé l’œuvre immense seule capable de nous rédimer, en réconciliant la raison avec la foi, et de nous préparer un remède : cet homme est Paracelse. »

Il n’y a rien à ajouter. Si ce n’est que la conversation des deux amis dut fréquemment rouler sur ce sujet. Leur passion commune.

De fait, toute la production poétique de Guerne se ressent de la puissante empreinte du grand alchimiste. De cette influence du reste, il ne se cachait pas. Au contraire : il en fit état dans ses Fragments, dans son Journal, dans nombre de ses lettres. Son désir profond de donner une version française des Opera Omnia ne put malheureusement se réaliser. Il eût été, pourtant, LE traducteur de cette somme magistrale. La maîtrise dont il fait preuve dans ce qui a été retrouvé de la Prognosticatio, du Lion Septentrional et autres traités ou extraits, est exceptionnelle et ne pouvait venir que d’un homme qualifié, d’un esprit capable de saisir la signification de textes aussi énigmatiques, aussi délibérément fermés à l’entendement ordinaire. A ce propos justement, il me confia un jour que « quelqu’un » lui avait assuré, après lecture de ses poèmes, que la teneur de sa pensée correspondait, en alchimie, au degré du soufre rouge (4) . Cette précision, si elle n’évoque rien pour la plupart des lecteurs, en dira long aux praticiens de l’hermétisme. Toutefois, elle ajoute au mystère de cette décision, prise en haut lieu, qui le contraignit à renoncer à son projet. Mais le « hasard » a ses raisons qui échappent à la raison humaine.

Cette formidable entreprise donc, il ne l’assuma point : refus d’une aide substantielle qui lui eût permis d’en assurer la continuité ; aléas de la vie qui le jetèrent dans les péripéties de la Résistance ; obligation, plus tard, au prix d’un travail harassant, de subvenir à ses besoins. Un ensemble de choses qui lui parut être un signe de la Providence, autorité souveraine à laquelle, de longue date, il avait résolu d’obéir et qui fut son guide de chaque jour.

L’essentiel, toutefois, ne devait pas se perdre ni la chaîne invisible se rompre. Le discours de l’un, en effet, allait passer dans celui de l’autre, chacun baigné par une même et munificente lumière : cette Lumière de la Nature dont il est si souvent question dans les écrits de Paracelse et que la poésie de Guerne, tout intérieure, secrètement reliée à une réalité plus haute, nous restitue d’une façon incomparable.

En tendant la main à Paracelse, de son temps jusqu’au sien, par-dessus les séductions de la Renaissance, la tentation des « Lumières », les utopies de la Révolution, le mirage innombrable et tragique de l’ère contemporaine, Guerne ne prenait-il pas, résolument, le relais de l’unique et véritable tradition ? L’heure était venue, qui sait ? d’en retrouver la racine immémoriale.

L’avenir est là. Il nous fait signe. Il nous attend. Et nous en sommes tous responsables. « Le lendemain, c’est vous ! » s’écriait Bernanos il n’y a pas si longtemps. Et par ce « vous » c’est nous qu’il désignait, nous les dépositaires d’un passé que nous oblitérons chaque jour un peu plus au profit de rêveries étranges et de fantaisies vénéneuses. Nous que l’amnésie menace et qui obéissons, sans relever la tête, aux voix plurielles de la paresse et de l’indifférence, d’acquiescements en compromissions, de lâchetés en abandons, prompts à nous aligner sur la sinistre cohorte de ceux qui, depuis toujours et toujours plus haineusement, travaillent à crucifier, – encore – Celui dont ils ne veulent plus entendre la parole.

 

 

  1. (1) Tous republiés chez Guy Trédaniel Éditeur en 1986.
  2. (2) Acupuncture et Astrologie, introduction à la zodiotechnie, Editions du Nouvel Humanisme, Embats, près d’Auch, 1955. Et Guy Trédaniel Éditeur, 1986. Dans les années 1980, j’étais parvenu à retrouver le neveu d’Emerit, Michel Boujard, acupuncteur lui-même et radiesthésiste, lequel était censé avoir conservé les papiers de son oncle. Hélas ! il n’en restait rien.
  3. (3) Zodiotechnie de l’embryon, des nerfs crâniens, de la médecine hermétique, de l’acupuncture chinoise, Editions du Nouvel Humanisme, Garches, 1948. Guy Trédaniel Éditeur, 1986.
  4. (4) Étape importante sur le chemin du Grand-Œuvre.

 

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