Desclée de Brouwer, 1956, 1963
À la découverte des Romantiques allemands
À une époque où la réforme de l'enseignement se trouve sans cesse mise à l'ordre du jour, où les projets les plus audacieux - ou les plus abracadabrants - s'amoncellent, on est tenté de faire un léger retour en arrière et de contempler, d'un œil un peu consterné, l'absurdité profonde des études dites « classiques » qui nous ont été infligées.
Dans le domaine très précis des littératures étrangères, le bilan s'avère désastreux. Alors que les auteurs français sont épluchés dans leurs moindres détails, seules sont survolées les lettres des pays dont on apprend - si sommairement - la langue. Le bachelier qui balbutie l'anglais peut, s'il n'est pas curieux, ignorer totalement l'existence de Goethe, de Dante ou de Cervantès. La conséquence ? Cultivé chez lui, le Français devient ignare à l'étranger et pourra mourir en ignorant Hoffmann alors que Guez de Balzac n'a pas de secrets pour lui.
Ces réflexions mélancoliques sur le chauvinisme de notre enseignement m'ont été inspirées par la lecture de l'anthologie d'Armel Guerne : « Les Romantiques Allemands ». Il a fallu attendre 1957 pour que le public français puisse tenir entre ses mains ce petit livre à qui sa rareté confère une valeur de pierre précieuse. Et pourtant, des dizaines d'ouvrages analogues sur les romantiques français ont été publiés depuis le début du siècle, qui mentionnent uniquement à titre de référence cet étonnant mouvement littéraire germanique, qui fait transition entre les pré-romantiques français du XVIIIe et l'école romantique proprement dite dont la forme se dessine seulement après 1820.
Je crains d'avoir fait injure à Armel Guerne en parlant d'ouvrages équivalents sur le romantisme français. Je doute qu'il en existe. Son livre est en fait le travail littéraire le plus intelligent qu'il ait été donné de voir depuis fort longtemps. Guerne est parvenu en effet à nous présenter le romantisme allemand comme un tout vivant ; il nous fait sentir à quel point les auteurs de cette période sont contemporains les uns des autres ; en un choix, en une composition réalisée comme un vitrail, il éclaire pour nous un écrivain par un autre, les fait parler d'un troisième.
Le personnage d'Hölderlin se trouve ainsi dépeint par Bettina von Arnim (dans une lettre à Caroline de Gunderode) : Schlegel et Steffens nous parlent de Novalis ; la mort de Caroline de Gunderode est racontée par Bettina, à laquelle, dans ses lettres, Beethoven dévoile les tréfonds de son âme inquiète.
Le piano sans cordes
Mis à part le plaisir de mieux connaître et de mieux comprendre cette période complexe des lettres allemandes, quelles satisfactions le lecteur moderne peut-il trouver à la lecture de ces œuvres relativement jeunes dans le temps, mais dont certaines sont déjà bien lointaines ?
Sa plus grosse déception proviendra sans doute d'Hölderlin, dont la poésie intraduisible en français demeurera toujours difficilement accessible. Armel Guerne lui-même n'est pas parvenu à donner un équivalent acceptable du texte allemand il a préféré conserver le rythme - qui n'est d'ailleurs plus soutenu par les sonorités gutturales de l'original - au détriment de la compréhension facile du texte. Il est impossible de lire sans ennui cette accumulation de stances mythologico-mystiques.
Quant à la réalité même du génie d'Hölderlin, il me semble difficile de souscrire à ce qu'en disait voici quinze ans Maxime Alexandre : « Au moment où Hölderlin, aux yeux des hommes, parut sombrer dans la démence, il atteignit la maîtrise de son art. » En fait, Hölderlin a bel et bien sombré dans la démence à l'âge de trente ans, et son art, déjà discutable, se dissout alors totalement. Cette réaction de l'exégète en présence du poète fou est d'ailleurs des plus courantes : beaucoup considèrent encore les hallucinations schizophréniques de R. M. Rilke comme des manifestations d'un génie visionnaire.
La définition la meilleure que l'on puisse trouver d' Hölderlin est indirectement donnée par Bettina von Arnim, en une image très surréaliste «La princesse de Hombourg lui a fait présent d'un piano à queue dont il a lui-même coupé les cordes, mais pas toutes, de sorte que certaines touches retentissent, et il improvise dessus...». Sur un piano dans cet état, le plus extraordinaire virtuose ne peut jouer qu'une cacophonie. Ainsi de l'esprit d'Holderlin.
De Werther à Caroline
Une déception du même ordre naîtra à la lecture des « Hymnes à la Nuit » de Novalis, mort à vingt-neuf ans, et qui aurait pu devenir un grand écrivain. On y trouve une véritable caricature du romantisme, où coulent des flots de « larmes d'extase ».
On lui préférera Ludwig Tieck, peu connu, prosateur médiocre mais moraliste de premier ordre. Ses pensées « Sur le rêve et le merveilleux », dans la ligne du XVIIIe, préfigurent Freud. Et l'on relève cette constatation, qui explique Hoffmann et la plupart des grands romantiques : « Tout ce qui nous entoure n'est vrai que jusqu'à un certain point... ».
1774. Gœthe, âgé alors de vingt-cinq ans, publie « Werther ». Pour Gœthe, c'est la gloire. Pour le romantisme, la pose d'une première pierre.
1806. Le corps d'une jeune fille est découvert sur la rive dju Rhin, la chevelure éparse, un poignard planté en plein coeur. « Un paysan la trouva sous les arbres, près de l'endroit le plus profond de l'eau. Il arracha le poignard de son cœur et le lança avec horreur dans le Rhin ; les bateliers le virent voler. » Caroline de Gunderode venait de mourir à vingt-six ans, après avoir médité pendant de longues semaines en contemplant la lame du couteau, et acquis les connaissances anatomiques nécessaires à la réussite d'un pareil suicide. On ne sait si son histoire se termina comme celle de Werther - « Des ouvriers portèrent le corps. Nul prêtre ne l'accompagna. » - mais Caroline est sans conteste la victime du personnage de Gœthe. « Cette Ophélie ensanglantée », comme la nomme Armel Guerne, est le symbole de ce mal du siècle qui ne se retrouvera en France qu'atténué. Henriette Vogel et Heinrich von Kleist, le plus grand dramaturge allemand de cette époque - qui est aussi l'époque de Gœthe, trahissant après « Werther » la cause romantique - trouveront également, dans le suicide le terme d'un amour exacerbé, poussé au-delà de l'humain.
Dans une de ses dernières lettres, adressée à sa cousine, Kleist avoue lui avoir préféré Henriette Vogel et rappelle : « Te souvient-il que maintes et maintes fois je t'ai demandé si tu voulais mourir avec moi ? Tu m'as toujours répondu non. » Une femme capable de refuser une telle preuve d'amour n'était pas, alors, digne d'être aimée.
Armel Guerne a fait à Kleist, dans son anthologie, la large place qu'il méritait. Soucieux de présenter des textes peu connus en France, sinon des traductions originales, il nous donne de Kleist deux pièces remarquables, l'une inachevée, « Robert Guiscard », l'autre étonnamment « finie », « La petite Catherine de Heilbronn ». Cette pièce, malgré les difficultés de mise en scène innombrables qui accompagnent un drame aussi mouvementé, mériterait de voir le jour autrement qu'entre les pages d'un livre.
Une autre œuvre théâtrale, le « Don Juan et Faust » de Christian Dietrich Grabbe mériterait également les honneurs de la scène. Romantique à demi seulement, elle fourmille de scènes cocasses, de réflexions spirituelles, très caractéristiques de cet auteur effleuré par Breton dans l' « Anthologie de l'Humour Noir » et dont une pièce mineure fut jadis traduite par Jarry.
Des portes ouvertes
Dans le domaine du conte, le livre d'Armel Guerne renferme aussi d'excellents textes, tels les « Héritiers du Majorat » d'Achim d'Arnim qui annoncent les « Diaboliques » de Barbey d'Aurevilly, « L'Homme vert » de Contessa, « Le Château de Durande » d'Eichendorff et ces deux contes de fées : l' « Ondine » de la Motte-Fouqué qui inspira Giraudoux et l' « Histoire de Lau la Belle » de Morike. Particulièrement romantiques, les « Veilles de Bonaventura » de Wetzel, pour la première fois traduites en français, nous rappellent que certains de ces auteurs sont contemporains de Rétif et de ses « Nuits de Paris ».
Volontairement, Guerne n'a donné d'Hoffmann que trois textes très courts, d'ailleurs fort bien choisis. Il n'est pas question de se rassasier d'un auteur comme Hoffmann en quelques pages. Une traduction des œuvres complètes est en cours, publiée sous la direction d'Albert Béguin, et qui permettra d'apprécier dans leur ensemble les contes d'Hoffmann, dont les plus bâclés demeurent encore pleins d'intérêt.
Cette édition d'Hoffmann est malheureusement une exception. « Les Romantiques Allemands » d'Armel Guerne ouvrent une série de portes qu'il convient de franchir. Je souhaite que le succès mérité de ce livre entraîne les éditeurs à publier enfin des traductions complètes du théâtre de Kleist, ou des œuvres d'Achim d'Arnim, d'Eichendorff et de Contessa.
Jean Chaumely
ALCHIMISTES de la LITTÉRATURE
LES ROMANTIQUES ALLEMANDS veulent faire naître l'âge d'or
En France, leur société secrète ne groupe que quelques initiés
EN France les amateurs du romantisme allemand appartiennent à une société secrète qui a ses rites, ses mots de passe et ses mystères. Le titre d'un roman de Jean-Paul, La Loge invisible, pourrait lui servir d'emblème : ce n'est pas seulement à la découverte d'un trésor caché que nous engagent les romantiques, mais d'un bien perdu, que seuls peuvent découvrir les yeux de l'esprit et qui rayonne dans un âge d'or futur. Au siècle, dernier, ces initiés s'appelaient Nodier, Nerval, Philarete Chasles, Villiers de l'Isle-Adam. Au XXe, siècle, ils s'appellent Jaloux, Cassou, qui fondèrent le Brambilla-Club, Giraudoux, Albert Béguin, Armel Guerne.
Relégués dans l'ombre par la vie éclatante de Byron et de Shelley, les romantiques allemands n'ont reçu chez nous qu'un médiocre accueil : Hoffmann excepté, aucun d'eux n'a touché le grand public. Ondine, de La Motte-Fouqué et Peter Schlehmihl, l'homme qui a perdu son ombre, de Chamisso, ont connu de nombreuses traductions, mais les plus grand Hœlderlin, Kleist, Novalis ne reçurent pas cet honneur. Depuis 1925, les traductions se sont multipliées ; encore reste-t-il difficile de mettre la main dessus. Aussi un recueil des textes comme celui qu'Armel Guerne vient de publier est-il salué avec joie par tous ceux qui pensent que le véritable romantisme ne mérite pas de s'appeler français ou même anglais, mais allemand.
Le Prince de Hombourg, de Kleist et La Mort de Danton, de Büchner, montés par Vilar, la diffusion tardive en France, mais fulgurante, de l'opéra qu'Alban Berg a tiré du drame de Buchner, Wozzeck, ont attiré l'attention du public : l'anthologie d'Armel Guerne, venant quelques années après le numéro spécial des Cahiers du Sud (2), qui dressait le bilan des Curiosités suscitées au XXe siècle par le phénomène romantique en Allemagne, enfin Le Lied romantique allemand, de Marcel Beaufils qui étudie avec une étonnante sagacité « cette aventure où rien n'est simple » répondent aux multiples questions que nous nous posons devant l'aventure la plus prestigieuse de la pensée germanique.
Défaisons-nous d'abord de nos habitudes d'esprit françaises : deux siècles séparent Corneille de Victor Hugo, et des écrivains comme Gide nous ont enseigné que romantisme ne signifiait qu'outrance et dégradation. En Allemagne, il est contemporain du classicisme ; Arnim, Tieck, Novalis, Kleist vivent en même temps que Gœthe. Le romantisme allemand en généreux frère cadet admire son aîné ; il ne se révolte qu'au moment où l'autre se montre autoritaire et doctrinal. La rupture se produit vers 1806, lorsque Gœthe, s'enfermant dans une sérénité olympienne et se refusant à Dionysos, tiendra pour synonymes de romantique malade, désordonné, extravagant. C'est à ce titre qu'il repousse Hœlderlin, Kleist, Beethoven, Schubert qu'il aurait dû soutenir puisqu'il leur avait ouvert le chemin. En revanche, il approuvera les débuts de Nerval, de Delacroix, de Berlioz, comme si le romantisme allemand, organisé à la française, lui paraissait avoir perdu ses plus dangeureux poisons.
L'ironie proche du désespoir
Pourtant les romantiques, différant en cela des adeptes du Sturm und Drang, ne s'abandonnent pas au désordre par amour du chaos, par une mystique de l'instinct et du génie. Loin de se perdre dans leur création, ils la dominent sans cesse et la contrôlent grâce à une ironie proche du désespoir qui donne à leur œuvre, lucidité, ambiguïté, charme et profondeur. Cet humour érudit chez Jean-Paul, poétique chez Novalis, glacé chez Arnim, amer et grinçant chez Grabbe, traduit la supériorité du génie sur toute œuvre humaine, fût-elle oeuvre d'art.
L'unité dans la vie et la nature
Les romantiques allemands ont avant toute chose recherché l'unité dans leur vie intime comme dans la nature, comme dans les arts. Ce que les alchimistes ont fait pour les métaux, ils l'ont fait pour les qualités de l'homme. La recherche de l'absolu se confond pour eux avec la quête de l'unité. Aussi ont-ils exalté la transfiguration de l'être intime et prôné l'apothéose du sentiment. Le mysticisme, l'idéalisme magique leur serviront de moyens, de méthodes, non de buts : tous leurs efforts se portent sur la métamorphose de leur propre cœur et de leur vision du monde. Cette grande aventure qu'est leur vie sans aventures ne saurait frapper l'imagination du public : Novalis, ingénieur des mines ; Arnim, fonctionnaire prussien, n'ont rien qui les distingue dans la vie publique. C'est que la vraie grarndeur répugne au charlatanisme ; ces héros portent leur splendeur cachée. `
Pour réaliser la transmutation de leur cœur, les romantiques allemands en appellent à la poésie, à la musique et au rêve.
« Dichten ist zeugen, la poésie est témoignage et action », écrit Novalis. Aussi, affirmait-il que la mission du poète est « de faire l'éducation de la terre ». Ce concept de civilisation né au XVIIIe siècle, c'est le poète lui doit l'illustrer, car il possède la puissance majeure, la création de l'esprit. Il doit refaire le monde, légiférer, instaurer le sacré. Cela réclame des dons exceptionnels « Le sage pleinement conscient se nomme voyant ». Rimbaud, Lautréamont, André Breton n'oublieront pas ce précepte.
Marcel Beaufils, définit avec bonheur l'apport de l'Allemagne à l'humanisme européen : penser la poésie en univers et sentir l'univers en musique. « Dans la musique, dit-il, elle instituait une double recherche : celle de l'homme considéré dans ses solitudes les plus cachées et celle, plus grave encore, de cet homme dans l'univers. »
Le monde est la féerie de l'esprit
Les romantiques allemands donnent à la musique une dimension nouvelle : de ce qui était forme artistique, mode d'expression, ils ont fait une métaphysique. Nous assistons à une transmutation de l'univers sensible en univers spirituel. Jean-Paul semble avoir par avance défini la musique de Schubert, de Beethoven. de Weber, quand il écrit « O Musique, écho d'un autre monde, soupir d'un ange qui réside en nous, lorsque la parole est sans puissance, lorsque tous les sentiments sont muets dans nos coeurs, toi seule es la voix par laquelle les hommes s'appellent du fond de leur prison, c'est toi qui fais cesser leur isolement et réunis les soupirs qu'ils poussent dans la solitude. »
La poésie est transcendance, la musique communion, le rêve enfin, moyen de connaissance. Les romans de Jean-Paul contiennent une suite étonnante de rêves qui déterminent le destin des personnages, qui leur servent d'esthetique, de morale et de religion. C'est que, pour les romantiques allemands, le rêve représente à la fois une action et une passion. Novalis l'affirme avec force : « Le monde se fait rêve et le rêve se fait monde. » Il n'y a pas de différence entre le réel et l'irréel, entre la veille et le sommeil, entre le monde intérieur et le monde extérieur : le monde est la féerie de l'esprit. Nous pouvons devenir n'importe quoi, « fleur, animal, pierre, étoile », nous sommes reliés à tout et tout nous sollicite. Nous aurons vaincu la solitude, la peur et le désespoir quand nous aurons reconnu notre pouvoir et changé notre âme.
Pour nous éclairer sur leurs intentions, les écrivains allemands ont transformé le roman d'éducation en voyage symbolique : aucune forme ne se prêtait autant à leur dessein puisque cette quête du moi se confond avec celle de l'unité. Titan, de Jean-Paul ; Henri d'Ofterdingen, de Novalis, pendants romantiques de Wilhelm Meister, le roman de Goethe, dans lequel Frédéric Schlegel et Novalis voyaient la plus haute création du génie, nous proposent une conception mystique du monde et la croyance au merveilleux. Le but d'Henri d'Ofterdingen, c'est la « fleur bleue », produit de l'imagination créatrice, trésor, perle de la pensée, pareille à ce diamant que Vigny voulait enchâsser au sommet de la Maison du Berger.
Vers un âge d'or
Si l'on sent l'univers en musique, le lied qui est fusion parfaite de la parole et du son, de la poésie et de la musique, devient l'expression géniale du romantisme allemand. De même, si l'on pense la poésie en univers, rien ne convient mieux que le Marchen, à la fois récit, légende et mythe : Gœthe a illustré. cette tradition chère à la littérature germanique dans le Serpent vert et Novalis, dans le neuvième chapitre d'Henri d'Ofterdingen. Si le premier décrit sans doute le développement de l'âme selon la tradition ésotérique, le second fait le tableau de l'harmonie future et de la réconciliation universelle dans la poésie et dans l'amour.
Hâter l'avènement de l'âge d'or, aider cette théophanie qui sera celle de l'humanité enfin consciente de ses pouvoirs, de ses sortilèges et enfin attentive aux puissances occultes, telle est la généreuse mission que se sont donnée les romantiques allemands, assurés qu'au cœur du réel se cache l'irréel.
Marcel Schneider, Arts, du 6 au 12 mars 1957
LE grand événement de cette fin d'année, dans le domaine littéraire, ce n'est pas, comme on pourrait le croire, les « prix » dont je parlerai prochainement, qui nous ont fait lire quelques bons romans, mais dont aucun n'est une révélation capitale : l'événement, c'est la publication par M. Armel GUERNE, aux Editions Desclée de Brouwer, d'une très remarquable anthologie des Romantiques Allemands.
Pourquoi un événement ? D'abord parce que les romantiques allemands sont très peu connus en France, et certains même, comme Contessa et Wenzel, complètement ignorés. Cela pour une raison très simple : la poésie allemande est extrêmement difficile à traduire, ses plus grandes beautés passent peu ou pas dans notre langue, et, enfin, le caractère particulier du Romantisme allemand, très différend du Romantisme français, n'a jamais pu s'acclimater dans notre pays. L'ouvrage de M. Armel GUFRNF répond donc à un véritable besoin, en ce que, dans le choix des textes, d'abord, ce sont les plus belles pages des poètes et des prosateurs de l'époque romantique qui nous sont présentés, et - en ce qui concerne les poèmes - présentés avec le texte original. J'ajouterai que des versions d'Hölderlin et de Novalis nous avaient montré déjà que, poète lui-même, et poète de grand talent, M. Armel GUERNE était désigné mieux que quiconque pour être, en France, l'interprète de ces Romantiques. Le volume qui vient de paraître, et auquel il travaillait depuis plusieurs années, était attendu avec impatience par tous ceux qui souffraient de cette ignorance où le public français était laissé, des plus textes du Romantisme allemand, et de cette désaffection dont la responsabilité incombait parfois aux traducteurs qui, n'étant pas eux-mêmes romantiques, ne pouvaient pas se hausser au niveau des poètes qu'ils interprétaient plus ou moins heureusement, et, à défaut de la communication intérieure nécessaire en poésie plus qu'ailleurs, ne parvenaient pas à trouver le ton véritable de l'oeuvre dont ils ne donnaient quelquefois qu'une pâle approximation.
Avec Armel GUERNE, il en va tout autrement. Le monde romantique lui est familier, il se trouve chez lui dans cet univers visionnaire, qui est aussi celui du poète de La Nuit Veille, extraordinaire recueil de rêves dans lequel Armel GUERNE nous fait pénétrer jusqu'au cœur le plus secret de son domaine onirique. Traduire un poète, pour lui, c'est communier avec ce qu'il y a de plus singulier et de plus étrange chez celui-ci. La prose romantique est peut-être plus difficile à traduire que la poésie, car le rythme en est tout intérieur et plus subtilement articulé ; on peut dire que de tous les textes rassemblés ici, qu'il s'agisse de poèmes, de contes fantastiques, de méditations philosophiques (Novalis), de chapitres de romans (JeanPaul), il n'en est aucun qui ne soit, au sens le plus fort et le plus magnifique du mot, poésie.
On trouvera également dans ce volume des textes qui sont des « documents » d'une très grande importance pour la connaissance de l'âme et de l'époque romantiques. Ce sont, par exemple, l'essai de Waiblinger sur Hölderlin, la lettre de Friedrich Schlegel à son frère sur Novalis, les souvenirs de Steffens sur sa vie dans les cercles romantiques, l'essai célèbre de Kleist sur les marionnettes, le fameux parallèle de August-Wilhelm Schlegel sur l'art classique et l'art romantique, le récit de la mort de Catherine de Gunderode par Bettina Brentano, les lettres de Beethoven à cette même Bettina, les souvenirs sur Mörike par Theodor Storn... Ces indications donneront au lecteur une idée de l'ampleur de ce volume, de l'esprit dans lequel il a été composé et de tout ce qu'y trouvera un esprit curieux de se mouvoir quelque temps dans un univers inhabituel.
Inhabituel, j'entends, pour tous ceux auxquels le monde romantique reste étranger, car il y a ici quelques textes célèbres, qui sont (si l'on me permet ce mot, qui n'est pas un paradoxe), les « classiques du Romantisme » : l'histoire de la Belle Lau, par Mörike ; le Château de Durande, par Eichendorff, les Aventures de la Nuit de la Saint Sylvestre d'Hoffmann, les Hymnes à la Nuit de Novalis, Don Juan et Faust de Grabbe, etc.. Mais on y rencontrera des pages prodigieuses, et certainement ignorées de la très grande majorité des Français, et probablement même de pas mal de germanistes, comme la lettre de Franz von Baader au Docteur van Stansky, qui est une interprétation mystique du Cosmos, selon la doctrine de Saint-Martin, dont le grand Baader était un adepte ; comme le fragment apocalyptique de Caroline de Gunderode, qui est un sommet de la poésie visionnaire, et l'épitaphe qu'elle composa pour elle-même avant de se suicider, à vingt-six ans ; je veux la transcrire ici, car elle a un magnifique accent, digne des grands tragiques grecs. « Terre, ô ma mère ! Et toi mon père, souffle du vent, et toi, feu mon ami, et toi d'un même sang, o fleuve ! Et toi le ciel mon frère, à tous je dis avec respect un amical merci, vous avec qui j'ai vécu ici-bas, et maintenant que je m'en vais vers l'autre monde, vous quittant sans regret, adieu, frère et ami, père et mère, adieu ! »
On peut difficilement imaginer pages plus admirables et plus émouvantes que l'Eclipse de lune de Jean-Paul, traduite par Gérard de NERVAL (car, lorsqu'il existait de bonnes traductions, M. Armel GUERNE les a conservées, et on en trouvera d'excellentes par M. Albert BEGUIN, grand connaisseur et commentateur éminent du Romantisme allemand), que le Conte du saint ermite nu par Wackenroder, ou que l'Homme Vert de Contessa. Ce Contessa, qui fut l'ami d'Hoffmann, qui appartînt au groupe des Frères Sérapion, en même temps que Chamisso, La Motte Fouqué (dont on lira ici l'Ondine), et qu'Hoffmann lui-même, que, plus d'une fois, dans ses contes fantastiques, absolument inconnus en France, il égala.
On trouvera encore dans ce volume trois des Veilles de Bonaventura, document capital du Romantisme, comparable au Gaspard de la Nuit de notre Aloysius Bertrand, et qui a excité la curiosité et l'ingéniosité des historiens de la littérature. Signées du pseudonyme de Bonaventura, dont le secret fut si bien gardé que l'on ne sait encore rien de certain sur l'auteur, aujourd'hui, les Veilles furent attribuées à Hoffmann, à Schelling, à Dorothée Schlegel, à Brentano. Il semble bien, maintenant, — et M. Armel GUERNE nous dit irréfutablement que l'auteur fut l'étrange personnage appelé Friedrich Gottlob Wetzel. Saluons donc, avec l'auteur du volume dont nous parlons aujourd'hui, ce Wetzel comme l'inventeur de ce que M. GUERNE nomme avec raison « le plus romantique des écrits romantiques ».
Marcel Brion, Le Concours médical, 12 janvier 1957, n° 2 (79ème année)
Floraison de la littérature d'outre-Rhin, monde poétique unique et irremplaçable, nécessaire point de référence pour toute pensée et toute intuition le romantisme allemand n'a cessé d'étre méconnu en France. La plupart de nos romantiques n'en ont vu que le côté décoratif et anecdotique — au surplus la plupart ne lisaient pas l'allemand et étaient dépourvus du sens du rêve ; les symbolistes s'en sont inspirés mais très rapidement détournés en faveur d'une poésie facile. Deux beaux livres, L'âme romantique et le rêve, d'Albert Béguin, et un numéro spécial des Cahiers du Sud (1949), dirigés par le même auteur, apportaient enfin des études suggestives mais il y manquait une présentation abordable des textes.
Le livre d'Armel Guerne est en ce sens un livre d'amour. Ce serait le déprécier que le nommer anthologie au sens banal du mot. Guerne ne choisit pas des textes significatifs pour une histoire littéraire, mais ceux que l'on aimera. Il s'interdit les gloses, et cette manie de couper qui transforme la vie poétique en fragments de manuel. Sauf l'Hyperion, de Hölderlin et l'Ondine, de Fouqué, point de morcellement. Dans des traductions toujours aisées (les textes poétiques, sont également donnés en allemand), on passe de la ferveur au drame, du rêve mythologique à l'humour. Pas de grincement trop sensible entre les deux pôles de ce romantisme, une ironie à l'égard de la vie et un sentiment cosmique mystérieux et diapré à l'égard du monde. Parce que Guerne ne veut ni renseigner, ni documenter, ni instruire, mais faire lire et laisser lire, on pénétrera par sages et rêveuses lectures dans un monde presque inconnu aux Français, riche d'acidité et de douceur, et surtout sans cesse ouvert sur le mystère, sur l'infinie réalité, sur le réve.
R. M. A., Arts, Paris, 30 janvier 1957
Vingt-cinq romantiques allemands
VOICI un des volumes les plus précieux que la librairie française nous ait offert depuis longtemps : « Les Romantiques Allemands », textes choisis et présentés par Armel Guerne. Ce magnifique recueil n'est pas une anthologie comme les autres : la plupart des textes sont donnés sans coupures, qu'il s'agisse d'un court poème ou d'une pièce en plusieurs actes. Par exemple, vous trouverez ici le texte complet du « Don Juan et Faust », de C. -D. Grabbe ; de « Robert Guiscard » (ce qu'il en existe) et de « La Petite Catherine de Heilbronn », de Kleist.
Le mouvement romantique n'a jamais cessé d'être présent dans tous les secteurs de la vie intellectuelle, sociale et sentimentale. On ne peut évidemment pas le réduire a une école littéraire. Il comprend d'ailleurs des philosophes, des musiciens et des savants. Mais nous tenons beaucoup a ce que les œuvres réunies dans cette anthologie poétique, ne soient pas au-delà de la littérature. Il est en effet très fâcheux, lorsque la littérature trouve enfin sa justification de déclarer que nous avons quitté le domaine de la littérature. L'écriture ne saurait être une fin en soi, mais elle a été, pour beaucoup, le moyen d'exprimer le meilleur d'eux mêmes, et d'aller très loin sur les chemins de l'aventure.
De même il est inexact de dire que les Français avaient scandaleusement négligé les Romantiques allemands. On voit qu'il n'en est. rien, par cette anthologie même où sont reprises d'anciennes traductions excellentes et devenues introuvables : la traduction de « La Petite Catherine d’Heilbronn », par exemple, est de M. René Jaudon et date de 1805. Plusieurs autres traductions sont plus anciennes et montrent que 1es Romantiques allemands n'ont cessé d'intéresser une partie du public français.
Nos Parisiens ont découvert, ces dernières années, Kleist avec « Le Prince de Homburg », et Büchner, avec « La Mort de Danton ». Mais l'avènement de ces astres de première grandeur dans le ciel dramatique de la capitale, avait été souterrainement préparé depuis longtemps. Dans le domaine de la sensibilité, des influences sont subies sans qu'on sache toujours exactement le centre dont les premières secousses son parties.
Il est certain que nos surréalistes se sont employés à nous faire aimer le s merveilleux « allemand ». Ce ne fut pas toujours sans maladresse ; et Arme1 Guerne regrette, par exemple, « que s les surréalistes aient donné une fameuse publicité a la traduction désastreuse des « Contes » d'Achim d'Arnim, par un .dénommé Théophile Gauthier (fils), qu'un rien de circonspection leur eût commandé de refaire. »
Dans son anthologie, Armel Guerne nous donne la traduction intégrale des « Héritiers du Majorat », d'Achim d'Arniin. C'est également une des merveilles de ce recueil. Parmi les autres merveilles, citons le « Voyage dans le bleu », de Tieck (traduction Valançay) ; la « Chronique de l'Ecolier itinérant », de Brentano (traduction Klee-Palyi et Socard) ; « La Fable Adalbertine », de Chamisso (traduction Guerne) ; les « Aventures de la Nuit de Saint-Sylvestre », de Hoffmana (trad. Nerval) ; « L'Homme Vert », de Contessa (traduction Kaufmann) ; « Le Château de Durende », d'Eichendorff (traduction Guerne) ; « Lenz », de Büchner (traduction Béguin) ; « Histoire de Lau la belle », de Mörike (traduction Guerne).
On voit que cette anthologie réunit bien, sous un faible volume, toute une petite bibliothèque romantique.
Tous ces écrivains cités n'étaient pas inconnus chez nous, mais on les voudrait mieux connus. « Le plus romantique des écrits romantiques », selon Armel Guerne, est cependant « Les « veilles » de Bonaventura », de Wetzel, « dont le texte si infiniment significatif était demeuré coupablement inédit en France. » Guerne nous donne trois de ces « veilles », dont on aimerait que l'édition intégrale tentât un éditeur.
Enfin... Nous n'avons pas encore parlé des poètes. Mais c'est sur le nom et l'œuvre d'Hœlderlin que s'ouvre, en toute justice, l'anthologie. C'est à la naissance de Hœlderlin, 1770 (qui est aussi l'année de la naissance de Beethoven) qu'on peut situer le départ du romantisme.
« Pour Hœlderlin, dit Armel Guerne, il faut nécessairement revenir et penser à ce moment mystérieux et capital de la Genèse qui vit l'homme — dans sa lucidité antérieure au péché, sa transparence antérieure au tout premier sommeil — recevoir de Dieu la responsabilité, le soin et le pouvoir de nommer de leur nom toutes les créatures. » En nommant les choses, le poète, les crée a nouveau. C'est ce singulier pouvoir dont s'honore le poète romantique. La vérité se trouve entre les choses et les mots.
Armel Guerne nous offre un magnifique choix d'Hölderlin, et le fait suivre de quelques précieux témoignages : la lettre de Bettina Brentano à Caroline de Gunderode, l'essai de W. Waibliger et le témoignage de Gustav Schwab sur la mort du poète.
Nous retrouverons, dans la suite du recueil, Bettina Brentano et Caroline de Gunderode.
Bettina Brentano von Arnim est on le sait, la plus charmante figure du romantisme allemand. C'est la Bettina de Gœthe — on lira ici sa lettre a Gœthe sur Beethoven. On lira aussi deux lettres que lui adresse Beethoven. Et d'elle encore, le récit de la mort de Caroline de Gunderode, fait à la mère de Gœthe. Caroline de Gunderode s'est suicidée a vingt-six ans, par amour, sur les bords du Rhin. Notons qu'elle avait été une des innombrables lectrices de « Werther ».
Gœthe ne figure qu'à l'arrière-plan, dans cette anthologie. Armel Guerne nous le montre « se profiler sinistrement » derrière le drame du suicide de Kleist. De, même il cite Waibliger à propos d’Hölderlin : « Gœthe, a-t-on dit, ne lui portait pas d'amitié. » A vrai dire, les témoignages des contemporains ne permettent absolument pas de charger le souvenir de Gœthe du poids de deux cadavres. D'ailleurs, peut-on penser sérieusement que l'amitié d'un grand homme aurait pu empêcher Hœlderlin de ruer dans la folie ? Quant à Kleist, les raisons et les circonstances de son suicide semblent d'ailleurs être un peu plus compliquées qu'on ne le dit habituellement.
Aucun texte de Gœthe n'est donc cité ici. On ne le regrette pas, parce, qu'au fond il n'a jamais appartenu à cette famille de poètes célébrés aujourd'hui, et que l'on peut assurément préférer : ils nous touchent davantage. Mais la célébration des uns doit-elle entraîner la condamnation des autres ?
N'insistons pas sur ce petit détail. Revenons à l'anthologie même, pour louer encore le choix qui nous est offert de Jean-Paul et de Novalis.
Avec Novalis, mort a vingt-neuf ans, poésie, philosophie et science n'ont jamais été si près d'être réconciliés dans une connaissance unique.
Il est bien certain qu'avec les Romantiques allemands, nous sommes à un des plus hauts moments de la poésie et de la littérature. Et cette anthologie devra figurer dans toutes les bonnes bibliothèques.
Jacques Brenner, Paris-Normandie, 1er février 1957
Il était indispensable qu'une anthologie sérieuse vienne donner une vue d'ensemble des romantiques allemands, non point selon l'optique scolaire et universitaire qui a noyé ce mouvement dans le didactisme le plus stérile, mais selon l'optique plus secrète, plus profonde d'une sensibilité façonnée par le surréalisme et l'existentialisme. C'est à quoi tend ce choix, d'une belle richesse.
Armel Guerne (les meilleures traductions sont de lui-même ; celles de Hölderlin, entre autres, sont admirables) nous restitue de Jean Paul, de Novalis, de Kleist, de Büchner une image à la fois complète et débarrassée d'accessoires qui n'intéresseraient que la petite histoire littéraire. C'est le parfait ouvrage de fond pour qui veut se replonger dans une philosophie, dans un état d'esprit particulier, mais en même temps universel.
Alain Bosquet, Combat, 11 février 1957
Parmi les entreprises de dévaluation posthume des idées, que l'on nomme indifféremment critique, exégèse, analyse, explication de textes (comme si l'on démontait fil à fil un tissu pour mieux en tâter l'étoffe !), la plus extravagante est à coup sûr celle qui s'est abattue sur le romantisme allemand. Tout ce que le savoir bibliothéçaire a pu bâtir de gloses pontifiantes et d'on-dit approximatifs se retrouve sur ce terrain, plus lourdement construit, plus profondément planté que partout ailleurs.
Il fallait qu'un poète enfin s'en mêla ! Armel Guerne, dans son édition des Romantiques allemands (1) prouve que les poètes sont seuls à pouvoir se « mêler » justement de poésie, vérité « d'évidence » qu'il convient de rappeler sans cesse ! Et c'est précisément en refusant toute vue d'érudition, ce « regard usé au ras des yeux », en ne donnant ici que des textes qu'il laisse en vie, en écartant philosophes et mystagogues, thèses, dissertations et dissections qu'Armel Guerne a réussi son choix, un choix qui regarde la poésie. Ce qu'il demande au lecteur ici, ce d'est pas de savoir, mais tout simplement d'aimer ou de ne pas aimer, selon son goût, sa faim et ses humeurs. C'est bien ainsi que l'on fait œuvre de poésie qui est aussi œuvre de piété.
Les traductions retenues sont pour la plupart remarquables. Celles de Guerne lui-même qui, le premier, nous a rendu Hölderlin (2) et le « Moby dick » de Melville (3) sont prestigieuses (Hölderlin, Novalis, Schlegel, Wetzel, Gunderode, Beethoven, Mörike, etc.). Pour certains il a préféré modestement recourir à d'autres et non des moindres (Lou Bruder qui traduisit 1'œuvre de Buchener, A. Béguin, Klee-Palyi, J.F. Chabrun, R. Jaudon, G. Socard, R. Valançay). Certaines de plus belles traductions de Nerval s'y retrouvent. Sur le « fabuleux océan verbal du Romantisme allemand » de bons pilotes, un merveilleux navire...
(1) Desclée de. Brouwer. - (2) Mercure de France. - (3) Club Français du Livre.
La Meuse, La Lanterne, Bruxelles, 21 janvier 1957
Un livre, de temps à autre, nous reconduit aux sources vives. Tel est celui de M. Armel Guerne. Voilà ce qu'il faudrait nommer un acte de culture.
Max-Pol Fouchet, Carrefour, 6 février 1957
Il n'est pas facile de définir le romantisme, et il y a vraiment trop de lâche commodité à se contenter de l'opposer au classicisme, que, du reste, on ne s'avise pas non plus de définir. Mais c'est un état, c'est, un fait ; chacun de nous sent directement, quand il prononce le mot de romantisme, qu'il évoque quelque chose d'assez inexprimable, qui existe cependant avec beaucoup de certitude et de profondeur. Que nos sentiments personnels ne s'accordent qu'avec [illisible] et approximation, cela ne change rien à l'affaire et ce ne serait pas la première fois qu'une communion, une unanimité se fonderaient, et non sans force efficace, sur une multitude de malentendus compensés.
Je n'ai ni l'intention ni le loisir de ranimer de vieille disputations oiseuses. Il me semble que, si je tentais de m'expliquer, je ne réussirais sans doute qu'à accumuler les obscurités ou, si j'arrivais à donner à ces choses mystérieuses et entremêlées une apparence de clarté et d'ordre, il faudrait croire comme disait, je crois, Hegel à ses élèves, que je me serais mal fait comprendre. Restons donc sur nos positions instables, en somme assez fermes, ne chipotons pas sur des questions de vocabulaire et ne gâtons pas d’avance le plaisir que nous pouvons prendre à la lecture de 1'ouvrage qu’Armel Guerne vient de consacrer aux romantiques allemands. Et, à la vérité, le mot romantisme me paraît très vague et indéterminé, l'adjectif romantique, surtout qualifié d'allemand, nous propose une image précise, trop peut-être pour être vraie, et que la lecture de textes bien choisis d'auteurs caractéristiques élargira, dont elle irisera les contours sommaires et d'une netteté un peu fâcheuse et conventionnelle.
M. Armel Guerne a donc réuni, dans un volume assez dense et relativement complet, mais qui n'excède pas la capacité d'un honnête homme pressé de nos contemporains, la fleur de la poésie allemande, de Hölderlin, qui naît en 1770, à Edouard Moerike, mort en 1875, période qui couvre la fin du XVIIIe siècle et les trois quarts du XIXe. Toutefois, à la fin, ce que nous nommerons encore, faute de mieux, le romantisme allemand ne se survit que mollement et, pour prendre un, exemple, un Eichendorff a je ne sais quoi d'exsangue, se dégrade dans le poncif poétique et sentimental, l'affadissement moral et bourgeois. Un mouvement vidé de sa puissance originale tourne au mirliton germanique un peu écœurant. Les esprits et filles des eaux, dont on a tant usé et abusé, les clairs de lune, les éveils du printemps, les cors enchantés, les sehnsucht (intraduisible en français, tous les commentateurs le notent), les vierges aux fenêtres de leurs maisons de bois à encorbellement, les chevaliers bardés de fer et d'ingénuité valeureuse qui chevauchent dans les forêts épaisses, les lacs d'azur insondable, tout cela se couvre de poussière, lentement et implacablement relégué au magasin des accessoires. N'oublions pas qu'un certain Nietzsche vient, de naître, en 1844 ; le bon La Motte-Fouqué, dont la gloire persiste grâce à sa ravissante Ondine, surnageant d'un copieux fatras, a trépassé l'année précédente. Le coup de vent sec sur une abondante humidité, la ligne dure, le dessin se dégagent des brumes argentées qui commencent à croupir. Goethe, qui savait tout, intelligence qui ne se laissait pas jouer, ne s'y trompait pas. La seconde partie de Faust, œuvre romantique par excellence, constitue l'achèvement, la négation du romantisme. Méphistophélès, déguisé en professeur, coupe le cou, d'avance, à toutes les idéologies pangermanistes et nazies, nées de ses corruptions, fermentations démentes et sanglantes proliférations. Hélène enterre Marguerite.
Mais nous n'en sommes pas là, encore qu'on puisse déceler beaucoup de poison dans l'oeuvre de Kleist, poète et dramaturge génial, et, par certains côtés, surtout quand on considère ses disciples et ses fanatiques, odieux. Les hitlériens le choyaient comme un précurseur. Il me souvient que, pendant l'occupation, quand parut une traduction du Second Faust, je craignais un peu que les maîtres de l’heure n'en tirassent parti pour leur propagande, en passant sous silence ce qui les condamnait, en interprétant à leur avantage le douteux. Craintes vaines. Ils ne clignèrent pas ; ils ne donnèrent pas signe d'assentiment ; ils demeurèrent neutres ; ils ne pouvaient pas, tout de même, s'opposer à la publication. Mais, indirectement, je fus incité à adapter le Prince de Hombourg, de Kleist ; je n'eus pas de peine à me dérober. Je jugeais certes cette tragédie un chef-d'oeuvre, mais chef-d'oeuvre inopportun, et de ceux auxquels on peut s'attaquer en période de liberté, mais non, si l'on possède quelque indépendance d’âme sous la botte.
Je m'aperçois que je sors un peu de mon sujet et de mon propos, que je déraille. Si, comme je le pense, l'intérêt d'un ouvrage se mesure aux absurdités et aux divagations qu'il inspire, c'est dire le mérite de celui d'Armel Guerne. Sans doute pourrait-on contester quelques choix, regretter certaines omissions. Peut-être eût-il sans inconvénient grave négligé le doux et terne Contessa, quitte à réserver une place à Hebbel, auteur des Nibelungen, et à Lenau, pour qui je nourris une tendresse de cœur. Petites chicaneries personnelles auxquelles je n'attache pas plus d'importance qu'il se doit ; impossible, dans une telle entreprise, à moins d'outrageuse enflure, de contenter tout le monde ; une assez cruelle rigueur s'impose. Que ni Goethe, ni Schiller, ni Heine ne figurent parmi les élus, je le conçois et l'approuve. Ils sont trop connus du public français, et chacun d'eux exigerait un volume ; leur personnalité, surtout, à mon goût, celle de Heine et de Goethe, dépasse la définition, que nous ne nous sommes pas risqué à formuler, du romantisme. En revanche, le puissant Hölderlin, le profond Novalis, Hoffmann, miraculeusement préservé du vieillissement, le multiple et charmant Tieck, annonciateur des formes les plus modernes, si important, si inconnu du public français, même lettré, Chamisso, Achim d'Arnim, l'exquise Bettina Brentano, Buchner et bien d'autres sont fort bien représentés et, phénomène rare, dans des traductions généralement excellentes. Des textes heureusement choisis et groupés, de brèves notices qui guident, sans le submerger, le lecteur peu initié, qui fournissent de solides points de repère et balises de la mémoire à celui qui se trouve mieux averti, voilà de quoi ouvrir le plus beau, le plus varié des champs de découverte à notre curiosité, ou de rafraîchissement à notre souvenir. Un poète, Armel Guerne, chez qui l'érudition sert la poésie diligemment et ne l'étouffe jamais, a présidé, pour notre information et notre enchantement, à un rassemblement de poètes.
Alexandre Arnoux, Les Lettres françaises, n° 676 du 20 au 26 juin 1957
Après nous avoir donné une excellente anthologie des, romantiques anglais — œuvre de Pierre Messian — les éditions Desclée de Brouwer nous offrent aujourd'hui une excellente anthologie — due à Armel Guerne — des romantiques allemands. Certes, devant tout choix de ce genre, on se prend à rêver à ce qu'eût u être ce choix fait par un autre ou à une autre époque. Le romantisme allemand se prête particulièrement à une telle rêverie, tant par l'ampleur, de ses visées que par la multiplicité de ses tendances et la diversité des domaines dans lesquels il se manifesta. Armel Guerne, lui, nous dit dans sa préface que son choix ne « regarde que la poésie » ; il est vrai que la poésie, alors, atteignait toutes les activités. Aussi garde-t-on de son livre une impression d'exubérance de début du monde. Une explosion était-elle possible — eût-elle d'ailleurs été nécessaire — dans un pays moins profondément marqué par le protestantisme que l'Allemagne, même si le protestantisme y prenait parfois la forme exaltante du piétisme ?
La question ne peut pas ne pas se poser quand on connaît certaines anecdotes comme celles du jeune Wackenroder — que l'on considère comme le père du romantisme — s'enthousiasmant sur une procession suivie de feu d'artifice à laquelle il assista lors de son passage à Bamberg. Rencontre presque symbolique : l'Allemagne avec ses premiers romantiques rejoignait le baroque, dernière protestation contre l’intellectualisme luthérien.
L'art est une religion
L'anthologie d'Armel Guerne est, me semble-t-il, une des premières de cet ordre chez nous, mais nous avons eu ces dernières années de nombreuses études soit sur l'un des aspects du romantisme germanique, soit sur l'un de ses représentants ; ce n'est donc pas par ses éléments de surprise que le livre nous atteint. Si ce que nous connaissons du romantisme allemand à travers le romantisme français est probablement déformé, il n'en reste pas moins que les études de Mme de Staël ne sont pas négligeables. A travers le surréalisme, à travers les représentations théâtrales de Kleist et de Büchner, l'essentiel des valeurs de l'époque est aujourd'hui connu en France.
On sait assez généralement que l'art apparaissait aux romantiques comme une religion et que c'est de leur comportement en ce domaine qu'est née l'attitude moderne devant la création artistique. On sait qu'ils eurent l'amour de la nature, l'amour de la musique, l'amour du passé germanique au point de l'inventer en partie. On sait, ce qui compte davantage, l'importance qu'eut pour eux le monde, méprisé jusque-là, du mythe, du rêve, de l'inconscient. Peut-être sait-on moins que Novalis voulut avec Henri d'Ofterdingen, écrire un roman où « la signification remplacerait la vie », formule qui s'appliquerait admirablement à nombre de romans contemporains.
Peut-être aussi n'a-t-on pas assez remarqué que « l'ironie » chère à Jean-Paul et à Schlegel consistait en une certaine distance prise par l'auteur envers lui-même et qu'elle est sans doute à l'origine de la « distanciation » que Brecht souhaite que le spectateur prenne devant son œuvre. On le voit, la dette de la littérature contemporaine envers le romantisme, allemand est immense...
Cependant, il arrive qu'en feuilletant lé précieux petit livre d'Armel Guerne, on ressente quelque inquiétude. Voici par exemple le texte intégral de L'Europe ou la Chrétienté, de Novalis : cet essai, modèle de confusion et de connaissances depuis réfutées, a été pris au sérieux au temps de l'hitlérisme, parce qu'il attribuait à l'Allemagne un rôle de leader. « De son pas lent, mais sûr, l'Allemagne s'avance par-devant les autres pays de l'Europe. » Et ce n'est pas chez le seul Novalis qu'on devine l'Allemagne romantique grosse des pires mégalomanies !
S'il arrive qu'on ressente quelque inquiétude devant ces œuvres, il arrive aussi qu'on ressente devant elles quelque agacement. Certes, on ne peut aujourd'hui que s'incliner devant l'indiscutable génie d'un Hölderlin, d'un Novalis poète, d'un Kleist, mais la littérature visionnaire ou la littérature mythique ne souffre pas la médiocrité. L'imagerie des « Märchen » paraît aujourd'hui singulièrement usée dans la naïveté artificielle : que de clairs ruisseaux, de fées, de gnomes, d'anges, de démons, de clairs de lune. Avouerai-je que l'Ondine de Giraudoux parait de cent coudées supérieure à celle de La Motte-Fouquet, à qui il a pris l'anecdote ?
Shakespeare fou
Le romantisme n'aspirait pas seulement à exister comme mouvement littéraire, mais voulant être une conception globale de la vie rien ne pouvait être plus indiqué que de tenter, ainsi que l'a fait A. Guerne, de ressusciter ses héros les uns à travers les autres : nous voyons ainsi, Hölderlin et Beethoven à travers les yeux de Bettina la jeune amie de Goethe. Novalis à travers ceux, de Steffens, un étudiant suédois. Quelques traits de la société de l'époque se dessinent alors devant nous et nous semblent si intéressants que nous les souhaiterions plus nombreux. Nous rêvons par exemple d'une ou deux lettres de Rahel Lévine nous parlant, avec la verve qui lui est propre, de ces salons littéraires de Berlin dont l'influence fut si grande et auxquels Benjamin Constant rendit visite. Mais, puisque nous en sommes au chapitre — très court d'ailleurs — des absences, disons que nous regrettons celle d'Henri Heine. Sa présence ici nous aurait paru justifiée tant par la date de sa naissance que par la nature de la première partie de son œuvre. Et puis, le jugement qu'il porta sur Grabbe (dont le Don Juan figure ici dans une traduction remarquable) justifierait à lui seul qu'on le citât dans ce livre : « Un Shakespeare fou ».
Il reste qu'Armel Guerne a fort bien réalisé son projet, qu'il a su rendre l'unité d'une époque, qu'il nous en a donné les œuvres marquantes, qu'il a su trouver « la justesse du ton et les valeurs de concordance », qu'enfin il a fait un livre qu'on aimera garder à portée de la main.
Clara Malraux, L’Express, 15 mars 1957
Armel Guerne a fait un superbe travail de littérature humaniste. Le Romantisme aujourd'hui nous est donné lui-même dans ce qu'il a de célèbre et d'inconnu, et avec une largesse qui vaut une bibliothèque.
Georges Sion, Le Phare dimanche, Bruxelles, 24 février 1957
Armel Guerne a rassemblé des textes exceptionnels. J’y trouve une largeur de vue et un sens de l’excellent qui l’ont également aidé dans cette difficile tâche de choisir parmi une production d’une extraordinaire abondance. Le choix a été fait avec autant de science que de passion et de goût.
Marcel Brion, Le Monde, 26 avril 1957
Voici un livre d’une grande richesse et d’une grande nouveauté [qui] vient combler un grand vide dans nos bibliothèques.
André Rousseaux, Le Figaro littéraire, 12 janvier 1957
Au contraire des principes adoptés pour le volume sur les romantiques anglais, le présent recueil dépasse la poésie au sens strict et englobe les différents genres littéraires, théâtre, roman, nouvelle, essai... ; en outre, les textes originaux sont rarement cités - ils le sont surtout pour les poètes, - la part large est faite à la traduction. Enfin, celle-ci a été confiée à une pléiade d'interprètes. On retrouvera des noms familiers aux lecteurs de la poésie allemande : le regretté A. Béguin, A. Guerne, qui nous donnait récemment une anthologie traduite de Hœlderlin, R. Valançay qui révélait naguère des textes de Grabbe et d'Arnim. On ne peut que féliciter M. Guerne d'avoir repris l'ancienne version française de Katchen von Heilbronn, donnée par René Jaudon : elle ne nous fait pas seulement connaître une très belle oeuvre, que X. Marmier en 1837 disait être « un des plus beaux drames de l'Allemagne moderne » ; elle illustre aussi un traducteur très bon et méconnu. On n'a pas hésité à recourir à l'occasion à Mme de Staël ou à Nerval pour des textes de Jean-Paul, ou à Henry Egmont, pour Hoffmann. Ainsi les traducteurs français de l'époque romantique ont leur part de gloire. Si Amiel figure avec Le vrai barbier de Chamisso nous regretterons cependant que sa transposition de Mörike ait été reprise ici : le prosaïsme en est trop marqué. Amiel n'a pas su rejeter la cheville là où la rime l'appelait (Auf der Wiese : Dans l'herbe tendre) et il affadit parfois l'original (Auf deinem Grab zu würzeln Und zu wâchsen :... décorer le tombeau où tu te penches. En somme sa traduction a un intérêt historique plus que poétique. Quant au choix des auteurs, il va des plus connus aux autres Hölderlin, Novalis, Brentano, Kleist, Arnim, Hoffmann voisinent avec Baader, Wetzel, Contessa, Grabbe 1... Le but n'est-il pas de « concilier l'importance des textes avec leur rareté », et même d'apporter des inédits en France 2? L'importance de ces textes est moins d'ordre historique que de qualité poétique ou d'intelligence poétique. Enfin, on constatera que les auteurs cités dans le présent volume sont proprement des romantiques, et non des précurseurs ou des préromantiques. Ni Schiller, ni Goethe, ni aucun des « stürmer » ne prennent place ici, pas plus que les épigones, les poètes patriotes comme Kôrner ou Arndt. Le choix a été fait selon les seuls critères non pas de l'histoire littéraire mais de la valeur des textes recueillis. On lira ou on relira l'admirable Voyage dans le Bleu, de Tieck, Lenz de Büchner, An die Dichter, de Hölderlin, les Hymnes à la Nuit... Les poésies de Mörike eussent peut-être pu mieux être représentées. On aurait aussi aimé voir développer quelque peu les introductions : leur mission n'est pas seulement de préparer la lecture des fragments choisis, mais également de mener le lecteur aux oeuvres complètes. Et c'eût été un service à rendre aux traducteurs et aux auteurs que de signaler les autres te-,tes traduits en français et quelques études choisies. Mais le romantisme allemand est si riche ! Et le but de la collection n'est pas d'éclairer les initiés, mais de convier le public cultivé aux textes.
La présentation elle-même est excellente : Les Romantiques allemands ont leur place réservée dans la bibliothèque de l'amateur de poésie.
R. Pouillart, Les Lettres Romanes, Louvain (Belgique), T. XII n° 4, 1958
[1]. Mais pourquoi condenser les cinq actes de Grabbe en trois ? Les jeux de mots, les allusions qu'on a voulu éviter ne font-ils partie de l'esprit de l'œuvre ?
[2]. Ainsi les Veilles de Bonaventura, de F. G. Wetzel.
Phébus, 2004
Un monument d'érudition littéraire, établi et présenté par Armel Guerne, poète aux accents prophétiques.
Jean-François Revel, La Libre Belgique, 15 oct. 2004
C'est un monument, une bible. Ce recueil de textes des romantique allemands, rassemblés et remarquablement traduits par Armel Guerne, est une mine de diamants. Les amateurs jubilent, les nouveaux venus auront la chance de plonger dans ces œuvres d'une harmonie parfaite. Un événement.
Christine Ferniot, Télérama , Rayon Poches, n° 2861, 10 novembre 2004
Dans ce magnifique florilège, Guerne voulut donner à entendre "le fabuleux océan verbal" qui déferla au tournant des XVIIIe et XIX e siècles.
Patrick Kéchichian, Le Monde (Littératures), vendredi 17 décembre 2004
Les traductions d'Armel Guerne révèlent, plus qu'un texte, l'âme même de l'œuvre. Poète, traducteur incomparable, notamment de Moby Dick, Armel Guerne est aussi l'auteur d'un écrit sur le Romantisme, L'Âme insurgée, paru chez Phébus. Le même éditeur réédite aujourd'hui l'anthologie, publiée en 1963, que Guerne a consacrée aux romantiques allemands. C'est à un voyage aux sources du rêve que nous sommes conviés. Toute une génération de prophètes et de voyants s'offre à nous dans sa diversité. D'une lecture passionnante, ouvrant les fenêtres sur le rêve et le fantastique, cette somme est à placer au rayon des œuvres rares.
Linda Le, Le Magazine littéraire (Retour aux classiques), janvier 2005
Pour les amis sinon les gourmands et ou les gourmets de la littérature : voici un cadeau de choix. Un livre qui fera date. Une somme qui enrichit l'esprit et l'âme. Un magnifique travail éditorial dont il faut mesurer l'ampleur et l'ambition. Un superbe cadeau.
Antipode 105.5 FM Brabant wallon, 22 décembre 2004
C'est l'instrument parfait, produit par le regretté Armel Guerne, poète et traducteur d'une très grande classe. Qu'on y coure, qu'on achète, qu'on lise ! Ici la poésie a d'emblée la priorité sur la théorie, quoiqu'il soit bien difficile de séparer les deux concernant les romantiques de Iéna.
Jacques Darras, Aujourd'hui poème, janvier 2005
Un vrai régal ! Ce florilège, enfin à nouveau disponible, est unique et incontournable tant pour sa richesse, que pour la qualité exceptionnelle de ses traductions, et plus particulièrement celles d'Armel Guerne et d'Albert Béguin. Il ne peut que se trouver à la place d'honneur dans votre bibliothèque.
Victor Varjac, Panorama du Livre, mars 2005